Francine Holley

Une Abstraction Musicale

Née en 1919 à Liège, son nom de jeune fille est Trasenster. Élève de l'Académie des beaux-arts de la ville, épouse en 1947 l'architecte Michel Holley et élit domicile à Paris. Y fréquente les ateliers d'André Lhote, de Fernand Léger, de Jean Dewasne et de Edgar Pillet.

Participe au Salon des réalités nouvelles, de 1951 à 1954. Fait ensuite partie du groupe Art abstrait belge avec lequel elle expose à Bruxelles. Aix-la-Chapelle, Milan, etc.

Francine Holley poursuit son juste chemin avec une réserve naturelle, à l'écart des milieux ou la réputation se fonde. Elle fit jadis son apprentissage dans le paysage et le portrait puis, comme nombre d'autres artistes de sa génération, elle perçut, en 1946, l'attrait et la nécessité de l'irréalisme plastique tel que le propageait alors en Belgique l'exemple de Manessier et de Bazaine, de Tal Coat et de Marchand. L'enseignement qu'elle reçut à Paris l'incita à donner la prévalence aux systèmes d'esprit géométrique (1950). C'est sous un tel aspect que son œuvre apparaît dans les cahiers de sérigraphies, publiés entre 1953 et 1956 à Bruxelles, par le groupe Art abstrait : formes-signes immobilisés en tons lisses et entiers répartis sur fond monochrome d'abord, structures inventées figées en contours linéaires précis et réguliers ensuite.

Francine Holley se garda bien de s'enfermer dans les propositions d'un équilibre glacé. L'esprit de cette discipline, elle l'assimila pour s'en servir plus librement par la suite. Ainsi voyons-nous vers 1958 se substituer chez elle. aux applications d'une polychromie rigidement organisée, des compositions plus souples dans les tracés ordonnateurs s'intègrent en de calmes rapports noir et blanc. Tout en s'écartant de la sorte de l'impassibilité géométrique, elle évite de se laisser entraîner vers des expressions torturées et hérissées. Si, dans les dernières péripéties de son évolution, elle réintroduit la couleur, celle-ci se répartit en gammes moins sèches, d'une touche plus émotive, déterminée par l'accord de la sensibilité et de la raison. Aussi la modération est-elle devenue chez Francine Holley une garantie et un stimulant qui l'invitent à solliciter avec mesure, discrétion.

L.-L. Sosset. Ed. Arcade, Bruxelles, 1963